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Une inacceptable dévalorisation du Doctorat

Le travail de déconstruction de l’Université Française continue. Après nos disciplines, nos statuts, nos établissements, le Ministère s’attaque désormais à ce qui est au cœur de notre métier d’universitaire : le doctorat et la direction des thèses. Sous le fallacieux prétexte d’une simplification, que l’on a bien du mal à constater dans le texte proposé, et d’une meilleure insertion professionnelle des jeunes docteurs, le nouveau projet d’arrêté réglementant le doctorat,

remet en cause le doctorat en tant que recherche originale qui fait progresser la connaissance dans un domaine du savoir, dévalorise l’HDR, et réduit considérablement la liberté de recherche. Il s’agit d’un projet bureaucratique et démagogique qui, entre autres :

  • Alourdit fortement les procédures d’inscription, de dérogation et de suivi des thèses.
  • Renforce le poids des écoles doctorales en ajoutant, avec les collèges doctoraux, une nouvelle strate administrative.
  • Donne la priorité à  des cours doctoraux professionnalisés et impose la formation des directeurs de thèse en ignorant l’HDR et l’agrégation du supérieur : les écoles doctorales vont-t-elles désormais sélectionner parmi les professeurs ceux qui seront autorisés à diriger des thèses ?
  • Instaure l’évaluation des enseignements doctoraux et le contrôle par des comités de suivi de thèse.

Par ailleurs, en subordonnant en partie l’inscription à des conditions matérielles et financières, ce projet  risque  de fermer  les écoles doctorales aux étudiants étrangers venus des pays émergents et surtout des pays en voie de développement mais aussi à tous les étudiants de condition modeste.

Les choix du Ministère relèvent d’une vision bureaucratique à courte vue qui entend régir toujours plus étroitement les comportements de chacun et remet en cause nos libertés universitaires sans lesquelles il n’y a pas d’universités dignes de ce nom. Méconnaissant notre métier et ses spécificités, ils sont une nouvelle manifestation du manque de confiance et du mépris affiché par notre Ministère à l’égard des universitaires. Menée sans réel souci de concertation (réduite à une heure avec chaque organisation représentative des personnels), ni même d’information des personnels et usagers concernés, cette réforme aboutira à la mise sous tutelle du directeur de thèse, soumis au contrôle suspicieux d’un comité de suivi qui lui est étranger et au bon vouloir de son chef d’établissement.  Exclu du jury de soutenance et de la délibération finale, le directeur de thèse sera réduit au rôle de simple tuteur pédagogique et de supplétif du directeur de l’école doctorale. Ce projet inepte, est en outre caractérisé par une méconnaissance des conditions scientifiques de réalisation d’une thèse de haut niveau dans les sciences humaines et sociales en imposant une durée maximale de trois ans.

Une nouvelle fois cette réforme occulte les vrais problèmes que sont :

  • Le respect de la liberté de recherche alors que de nombreux collègues sont privés d’exercer une de leurs missions statutaires avec la complicité passive ou active des autorités universitaires.
  • L’incapacité pour une grande partie des universitaires à mener à bien leurs recherches faute de moyens et du temps grignoté par l’envahissement insidieux des nouvelles tâches administratives.
  • Le transfert des écoles doctorales aux COMUE qui éloigne les décisions concernant les doctorants de leurs encadrants et permettent d’associer les établissements privés, qui en font partie, à la délivrance du doctorat.

Mais, à travers ce texte, on voit bien que le Ministère est gêné par le  prestige du titre de docteur à l’étranger : les pays étrangers, qui ne connaissent pas le système français des grandes écoles, valorisent le doctorat et, pour certaines hautes fonctions internationales, on requiert le titre de docteur que n’ont pas les anciens élèves de nos grandes écoles. Alors, plutôt que d’encourager ces anciens élèves à préparer des thèses à l’université, pour le plus grand bien de ces anciens élèves, qui s’ouvriraient à  la recherche et approfondiraient leurs connaissances, le Ministère  veut instaurer une thèse qui n’aurait plus de thèse que le nom, quitte à créer par la VAE une thèse en dehors de la recherche universitaire et à dévaloriser à l’étranger toutes les thèses françaises qui seraient confondues dans la même suspicion.

SUPAUTONOME-FO et le SNPREES-FO s’opposent à cette entreprise de dévalorisation du doctorat et mettront tout en œuvre pour que soit préservée la relation essentielle entre le directeur de thèse et le doctorant et que soient respectées l’indépendance des universitaires et leur liberté de recherche.

Montreuil, le 13 avril 2015

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